En tournée à Bacqueville

Dans la vallée de l’Andelle, le joli village de Bacqueville abrite au sein de son église modeste et charmante par son parement en pierre de taille et silex percé de baies flamboyantes un remarquable retable sculpté dans la première moitié du XVIIe siècle par Michel Lourdel. La contretable, l’autel, le tabernacle, ainsi que les stalles qui entourent le chœur et un petit retable au revers de la façade ouest proviendrait du couvent des Célestins de Rouen, dont les biens ont été vendus avant la Révolution, en 1784. [Voir d’autres photographies ici]

La contretable est très impressionnante, par sa hauteur tout d’abord, puisque la Vierge du couronnement atteint presque la brisure de l’arc d’abside, et par la profusion du décor sculpté ensuite. Il s’agit d’un retable architecturé, aujourd’hui décapé, mais dont les traces de dorures visibles à travers la dentelle des colonnettes, et la polychromie retrouvée des sculptures en ronde-bosse laissent imaginer la splendeur passée.

Le retable est composé de trois travées, l’une principale encadrée par deux colonnettes à décor de rinceaux dentelés dont les chapiteaux corinthiens supportent un entablement de plan assez complexe, où repose une Vierge à l’Enfant en ronde-bosse. Il est possible qu’un second niveau d’architecture ait abrité cette sculpture, peut-être est-ce l’origine du retable placé au revers de la façade occidentale qu’on devine de très belle facture sous les nombreux repeints. De part et d’autre, deux frontons brisés surmontent des pans de bois ornés de cartouches et volutes, au-dessous desquelles se tiennent deux figures en ronde-bosse de Sainte Barbe et Sainte Catherine sur des consoles, chacune de part et d’autre de la travée centrale du retable. Sur les frontons brisés, deux anges adorateurs aux boucles légères comme sait les sculpter Lourdel présentent le sacrifice au Père, figuré au couronnement du retable dans le groupe du Couronnement de la Vierge.

Le tabernacle architecturé reprend le motif des guirlandes du retable et possède une exposition. Sous le tableau, et derrière l’exposition, est sculpté le tétragramme en gloire. Enfin au centre du retable se trouve une Adoration des mages, copie rendue par le peintre chargé de restaurer l’original en 1877.

On espère pouvoir remonter la trace dans les archives de l’installation du retable à Bacqueville.


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