A la découverte de l’église Saint-Victor d’Ancretiéville

Visite du 21 juin 2023

Non loin d’Yvetot, dans le pays de Caux, l’église Saint-Victor enclose de son cimetière domine le village d’Ancretiéville-Saint-Victor, niché au creux de deux collines cauchoises. L’ancienne église paroissiale de Saint-Victor-la-Campagne, commune aujourd’hui réunie à celle d’Ancretiéville, abrite en son sein une impressionnante contretable du XVIIe siècle [voir d’autres photographies].

Ce retable, exécuté à partir de 1661 par Pierre Baudard, maître sculpteur rouennais, est resté en place, malgré la reconstruction intégrale de l’église à la fin des années 1850. Il devait même être la pierre d’angle de cette reconstruction, puisqu’on ne conserva que le mur de fond de chœur sur lequel il s’appuyait, pour ne pas le fragiliser. Le maître-autel se dresse au fond d’une grande nef voûtée en plein cintre, avec des arcs doubleaux scandant, d’une architecture tout classique, qui peut surprendre le visiteur, tant le contraste des proportions et des matériaux est grand par rapport à la façade de brique de l’église.

Constitué de trois corps, le retable comporte toujours le délicat tabernacle architecturé, qui constitue une réduction du retable. Ils sont liés formellement et structurellement par divers éléments décoratifs, guirlandes, colonnes torses mêlées de pampre, rinceaux d’acanthe et mascarons. Deux colonnes corinthiennes torses, autour desquelles s’enroulent des pampres que viennent picorer quelques oiseaux encadrent le corps central et donnent du relief à la contretable, faisant de cet objet non plus seulement une image, mais un lieu accueillant un rituel, et la Présence divine. Il n’est donc pas anodin que les anges adorateurs siègent à l’aplomb de ces colonnes, sur les arcs brisés qui s’élancent de la corniche : ce sont bien eux qui par leurs postures, gestes et regards, guident le spectateur et le fidèle dans la contemplation du retable. Au centre du retable, une Déploration en bas-relief de stuc, postérieure au retable, trouve un écho dans les deux autres bas-reliefs placés sur chacun des murs ouest des bras du transept.

Le tabernacle architecturé abrite en ses niches des figures de saints évêques en ronde-bosse, au centre, un Salvator mundi bénissant et présentant un globe avec autorité et douceur. Le tabernacle est surmonté d’un attique pouvant accueillir une monstrance La niche du corps central abrite une statue non pas d’une Vierge à l’enfant, comme on en a l’habitude, mais d’une Sainte Anne éduquant la Vierge, probablement pour répondre à la confrérie de Sainte-Anne et Saint-Victor érigée en l’église Saint-Victor en 1605. Un badigeon brun recouvre une belle polychromie heureusement conservée.

Le chœur est précédé de belles stalles XVIIe disposées dans le transept, tandis qu’on peut voir dans le transept sud un très beau groupe sculpté du XVIe siècle représentant le Martyre de saint Cyr et sainte Juliette (notice Palissy PM76000022).

En quittant l’église, l’on passe parmi les tombes du cimetière, signalées par de délicates croix de fer ou de pierre. Le monument aux morts dessiné par Henri Charlier se dresse parmi elles. Au hasard des recherches en archives, on a trouvé un calque signé par le sculpteur présentant le projet (AD76/2O13).

À l’orée du village, la silhouette maternelle et protectrice Notre-Dame de France se découpe sur l’horizon. Elle a été sculptée sur béton brut en 1946 par le sculpteur Carlo Sarabezolles (notice Palissy PA76000112) suite au vœu du curé du village avant la Seconde Guerre mondiale. Deux beaux exemples de commandes religieuses après la loi de 1905.

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